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More 2012.06 – It Column by Ninomiya Kazunari
Credits : Yellow Honey & ltgmars
42e épisode (Juin 2012) : La place d’une mère
Dans ce monde, le lieu le plus rassurant qui puisse exister, se trouve normalement dans une famille ou auprès d’une mère, mais pour ma part, je ne me sens en sécurité que dans mon propre lit.
Il a vécu son enfance comme son adolescence dans un environnement particulier.
Avoir une vie amoureuse, fonder une famille, de façon soi-disant ‘normale’, peut-être ne pourra-t-il même jamais connaître cela.
Ninomiya Kazunari avance sur un chemin qui n’appartient qu’à lui seul.
« Où peut-on trouver quelque chose comme une ‘famille normale’ ? »
En mai ont lieu la Fête des Enfants [1] et la Fête des Mères [2]. Il raconte comment ses souvenirs d’enfance passée en famille deviennent déjà flous.
« Nous ne sortions pratiquement jamais en famille. Comme j’étais un enfant qui n’aimait pas sortir au dehors (rires), je n’ai qu’une dizaine de photos de moi étant petit. Mes parents travaillaient tous les deux, et moi, dès l’époque du collège, je ne suis mis à bosser dans ce domaine. Quand je tournais des dramas, je rentrais à des heures très tardives. Nous n’avions pas cette routine de nous réunir pour prendre nos repas autour de la table familiale. Je n’ai pas eu ce qu’on pourrait appeler une vie ordinaire, je me demande si j’avais un environnement familial vraiment si spécial. Pourtant, je n’ai jamais eu l’impression de manquer quoi que ce soit non plus. Mon environnement familial est quelque chose qui m’a été donné depuis ma naissance, alors je pense qu’il n’y a pas à dire s’il est bon ou mauvais. C’est seulement quand on le compare à celui d’autres personnes qu’on finit par être troublé, non ? »
A l’entendre parler ainsi de sa famille, il paraît indifférent, mais cela n’est pas du tout le cas. Le jour de la Fête des Mères, il revient souvent dans la maison familiale, un gâteau et des fleurs dans les bras.
« Je ne sais pas si je m’entends bien ou mal avec ma mère. Ce n’est pas non plus quelque chose que je compare avec les autres. En tout cas, il est évident que j’ai l’intention de la laisser prendre soin de moi toute ma vie (rires). Je suis né parce que c’était la volonté de ma mère. Et parce qu’elle m’a donné naissance, évidemment qu’elle me protègera jusqu’à la fin (rires). Je pense que c’est ce qui définit une mère et ce qu’on appelle ‘l’amour maternel’. »
Nino se dit que ‘l’amour maternel’ n’est pas quelque chose qui est donné à tout le monde.
« Ce que moi j’appelle ‘l’amour maternel’, c’est quand une femme devenue mère étreint instinctivement dans ses bras son propre enfant et se sent faite pour cela. Il se peut que je me trompe, mais je me demande si c’est un instinct de le prendre dans ses bras la première fois que l’on devient mère. Je veux dire, même pour une femme qui pense que l’instinct maternel est inné, quand elle aura effectivement donné naissance à un enfant, il est parfois possible qu’elle ne soit pas capable de s’en occuper correctement. Ainsi que l’inverse. Une fois qu’elles ont enfanté, les femmes qui étaient impliquées corps et âme dans leur travail peuvent aussi devenir totalement dévouée à leur enfant… C’est pourquoi je ne comprends pas bien comment des filles célibataires peuvent clamer ‘Moi, je suis quelqu’un de très maternelle’. Je pense qu’il ne s’agit pas ‘d’aimer prendre soin’, mais qu’elles ont juste envie de s’occuper de quelqu’un (rires). Les hommes qui, même adulte, réclament encore à être maternés n’auraient pas résolu leur complexe d’Œdipe, mais je ne saisis pas bien cela non plus. Ce penchant pour leur mère est peut-être une caractéristique commune à tous les hommes, mais demandent-ils le même amour maternel de la part de leur compagne ?
Les hommes qui disent ‘la soupe miso de ma mère est meilleure’ n’ont pas envie que leur compagne fasse exactement la même soupe, ils n’aiment peut-être tout simplement pas la soupe miso de leur compagne (rires). Blâmer ainsi le complexe d’Œdipe est juste un prétexte. Les hommes et les femmes qui finissent par rejeter la faute sur ce fameux ‘Complexe d’Œdipe’ non seulement ne règlent pas le problème de fond, mais ne cherchent pas à se comprendre mutuellement. Pour ma part, je ne réclame cet amour maternel qu’auprès de ma mère, cela n’a rien à voir avec ce soi-disant complexe d’Œdipe. »
Et pourtant, est-ce que les hommes ne demandent pas à leur compagne ce qu’ils demandent à leur mère – être cajolé, être compris et être encouragé ?
« Je comprends ce sentiment qu’ont les hommes. Mais je ne crois pas que j’ai simplement envie d’être cajolé. Être cajolé, être encouragé, si une femme n’a pas envie de me donner naturellement cela d’elle-même, je pense que ça ne sert à rien de le lui réclamer. Et quand bien même je trouverais un jour une femme qui voudrait bien me donner tout ce dont j’ai envie, je pense que je n’aurais plus envie de lui demander quoi que ce soit. »
Il dit que même les gens qui poursuivent un amour qui ne réclame rien en retour, dès lors qu’ils le ressentent en eux-mêmes, réalisent alors qu’ils sont déjà satisfaits de ce qu’ils ont.
Même si je me marie pour mon propre bien, cela ne me créera pas pour autant un foyer rassurant.
« Quand on me demande si je voudrais me marier et fonder un foyer, je réponds ‘un jour peut-être bien’. Mais ce n’est pas encore réel. Honnêtement, je n’y ai encore jamais sérieusement réfléchi, c’est un avenir que je n’arrive pas à imaginer. Le mariage, c’est peut-être bien quelque part une façon de faire face à la solitude. Comme vivre seul est trop angoissant, chacun a envie d’un endroit où il se sent en sécurité et on en vient à vouloir fonder une famille. Je comprends ce sentiment, mais quand on vit avec pour but ultime le ‘mariage’ et la ‘famille’, au final cela ressemble juste à quelque chose de très égoïste… Même en espérant avoir une famille uniquement pour soi-même, si on ne vit pas pour le bien de cette famille, au fond de son cœur, ce foyer ne deviendra probablement jamais un lieu où on peut se sentir en sécurité. »
Alors, lorsque nous lui demandons dans quel endroit le Nino d’aujourd’hui se sent le plus en sécurité, il nous retourne une réponse surprenante.
« Dans mon propre lit (rires). Même si je me réveille dans un monde où des tas de choses tristes peuvent survenir, quand une fois déshabillé, je m’y endors tout seul, j’y retrouve un sentiment absolu de sécurité. Typiquement, les gens répondent qu’ils sont rassurés quand ils sont en famille ou auprès de leur mère, mais c’est juste une image idéalisée. Quant à moi, plutôt que de m’accrocher à quelqu’un, je ne me sens en sécurité que dans mon propre monde. »
Notes de traduction :