[FR] Traduction - More 2012.09 - A ma propre valeur

[rainbowsnstorm]

More 2012.09 – It Column by Ninomiya Kazunari
Credits : Yellow Honey & ltgmars

45^e épisode (Septembre 2012) : A ma propre valeur



Que je fasse mon auto-promotion ou que je raconte des histoires sur ma vie, est-ce que cela va augmenter ma valeur ?
Je pense que ce sont les autres qui décident de cela.

Même s’il ne dit jamais simplement ce qu’il pense, dès qu’il s’agit de choses importantes, il n’invente jamais de mensonges.
C’est sur ce chemin parcouru par Ninomiya Kazunari que se révèlent ses intentions réelles. 

 

            Il se penche au dessus du parapet qui longe la rivière de Shitamachi [1]. Nino, qui s’est teint les cheveux en blond pour son rôle dans le drama [2] du ‘24 jikan terebi’, semble encore plus jeune qu’il ne l’est d’habitude. Son vingt-neuvième anniversaire approche pourtant à grands pas.

            « Au fond de moi, je n’ai jamais eu l’impression de changer en quoi que ce soit, aussi bien du temps de mon adolescence que maintenant. Je ne pense pas du tout à vouloir rester toujours jeune. Pour tout vous dire, je n’ai que faire de mon look. Peu importe comme mon apparence extérieure doit changer, je peux m’accommoder de tous les rôles qui viendront sur ma route. Jusque là, il n’y a probablement pas que mon apparence qui me permette de recevoir du travail (rires). En particulier, parmi les acteurs, rares sont ceux qui prêtent tant d’attention à leur apparence, pas vrai ? Puisqu’on sait bien que ce travail qui nous arrive tient juste à [avoir au bon moment] un certain visage et une certaine apparence. »

 

            Sa propre valeur ne se trouve ni dans la jeunesse ni dans la beauté. Alors comment se définit la valeur de Nino ?

 

            « Je ne sais pas (rires). Ma propre valeur ne peut pas être mesurée, et je n’ai pas non plus envie qu’elle le soit. »

 

            Par exemple, qu’en est-il de son talent d’orateur ? Quel que soit le programme de variété, quel que soit le domaine de communication, les conversations de Nino sont naturellement intéressantes. Il détient le pouvoir de captiver jeunes et vieux, hommes et femmes. Et cela est seulement un de ses grands pouvoirs d’attraction.

 

            « Je ne pense pas avoir un talent d’orateur. Je veux dire, que ce soit dans un talk show ou dans une conversation banale. Je ne fais que créer une atmosphère où mon interlocuteur est à l’aise pour parler… Par exemple dans le Share House de Himitsu no Arashi-chan [3], que cela soit dans ma façon de m’asseoir ou de me comporter, je donne à voir de bien plus mauvaises manières que je n’en ai en réalité (rires). Le principe du programme était de discuter comme si nous étions à la maison, alors je veux faire en sorte que les spectateurs le comprennent, et que l’invité se sente à l’aise de la même manière. Que mon interlocuteur manifeste de la surprise, que je pose des questions jamais posées jusque là, ce n’est pas ce qui importe selon moi. Le plus important est de créer un environnement où l’autre personne soit à l’aise pour parler. »

 

            Cette sollicitude a probablement pour résultat de détendre l’esprit de son interlocuteur.

 

            « Dans la mesure du possible, je mets un point d’honneur à peu parler de moi et à laisser couler la conversation avec fluidité. Les gens capables de discuter en suivant un discours structuré [4] ne sont pas nécessairement bons pour la conversation. Moi, je considère l’ensemble [de la situation], je taquine les uns et je pose des questions aux autres, je fais en sorte de créer une atmosphère fluide. Je ne suis pas en train de présider une réunion, en fait je suis même du genre à la détourner plutôt (rires). Au sein de Arashi, j’ai ce rôle, tout comme dans ma vie de tous les jours aussi, j’ai le même genre de sentiment. Dire ‘moi aussi, je pense comme ça !’ ou demander s’il s’est passé quelque chose d’intéressant dernièrement n’est pas un talent d’orateur, cela ne se demande même plus (rires). »

 

            Faut-il comprendre dans son ‘Je n’ai pas envie d’en parler’ comme une technique pour ne pas parler de lui-même ? Lorsque nous lui posons la question, il répond en riant : « Eh bien, je suis très doué pour m’échapper ». La façon de penser de Nino est l’exact opposé d’une ‘auto-création’.

 

            « Je ne parle jamais de moi-même. Peut-être que je ne comprends pas bien, mais insister lourdement sur mon pouvoir de séduction va-t-il pour autant augmenter ma valeur ? (rires). J’ai parlé à toutes sortes de gens de tous horizons et je pense que ma propre valeur n’est décidée que par les autres. »

 

            Le seul qui se rende compte et se moque quand je fais une gaffe est Aiba-kun.

 

            Les répliques de Nino sont à la fois des attaques pour garder l’avantage sur son adversaire et une ligne de défense pour en révéler le moins possible sur lui-même.

 

            « Quand j’y pense, cela ne se limite pas qu’aux comédiens [5] ; à la vérité, j’ai l’impression que celui qui a le rôle du boke est souvent quelqu’un de plus fort que celui qui a le tempérament du tsukkomi. En tout cas, ceux qui sont autour de moi sont ainsi. En vérité, ceux qui jouent les boke doivent être très malins. En effet, pour que le sketch prenne, le boke doit autant que possible créer une atmosphère propice au tsukkomi. Quant au tsukkomi, pour peu que l’action se précipite, il perd tout sens commun. Et il finit par devenir lui-même un boke à un niveau que l’on n’atteint même pas dans les comédies. Dès lors qu’une telle personne parle ouvertement de sa vie privée, il est hautement probable que cela dépasse tout entendement, n’est-ce pas ? (rires) »

 

            Est-ce aussi le cas pour Nino ?

 

            « Peut-être bien (rires). Comme je n’ai pas envie de savoir ce genre de choses à propos de moi-même, j’évite autant que possible ce genre de futilité… Mais même si je ne le sais pas, il y a bien des moments où le naturel reprend le dessus. »

 

            Arrivé devant la mer, il a murmuré une fois ‘la mer est trop grande, je déteste ça’, au milieu d’une interview il s’est même mis à soudain jouer de la guitare ; en y repensant, même dans tous ces détails triviaux, les remarques et les actions de Nino ont toujours été teintées de naïveté. En vérité, il est loin d’être un vrai tsukkomi.

 

            « Comme on a l’habitude que je sois celui qui se moque des autres, il est difficile de remarquer quand je fais une bourde. Quand bien même ça se remarquerait, il n’y a personne pour se moquer alors. Quoique, pour moi, il n’y aurait encore que notre Aiba (Masaki)-kun, non ? Il est possible que les autres membres s’en rendent compte aussi, mais j’ai grandi depuis mon enfance avec Aiba-kun, il s’en rend compte avant quiconque. Comme en temps normal, dans les émissions, je me moque sans pitié des autres, alors je me dis ‘Aah, maintenant, je comprends ce que c’est que d’être le boke’ (rires). »

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Notes de traduction :

[1] Shitamachi désigne les faubourgs situés à l’est de Tokyo autour de la baie de Tokyo. (Source : Wikipedia)
Pour plus de précisions sur le concept de Shitamachi (par opposition à Yamanote), lire l’épisode de More d’Août 2010.
[2] Il s’agit de Kuruma Isu de Boku wa Sora wo Tobu 車イスで僕は空を飛ぶ, diffusé sur NTV le 25 août 2012. (Source : DramaWiki)
[3] Himitsu no Arashi-chan (ひみつの嵐ちゃん!) est une émission qui a été diffusée de 2008 à 2013 sur TBS. (Source : Wikipédia)
[4] Le terme employé par Nino ici est Kishotenketsu 起承転結. Ce concept est expliqué dans le More de décembre 2011, cf Note 1. (Pour en savoir plus : Wikipedia)
[5] Dans tout ce paragraphe, Nino développe l’idée du Tsukkomi (celui qui se moque) et du Boke (celui dont on se moque). Difficiles à traduire hors contexte, ces concepts purement japonais s’intègrent dans l’art du Manzai et d’une façon générale dans la culture japonaise elle-même. Dans ses articles de More, Nino a souvent développé ses idées autour de ce rôle de Tsukkomi qui lui a été attribué. (Pour en savoir plus : Wikipedia)